Quelle est la nature exacte de la mystérieuse et invisible relation, secrètement tissée entre l’art et l’intimité des êtres ? À écouter Philippe Nicolas, on mesure assez vite que la question taraude l’atypique auteur de « Les âmes peintes » (Éditions Cohen et Cohen). Ce Lorrain de 52 ans, grandi à Pont-Saint-Vincent (54) avant des études secondaires à Nancy, était déjà doté d’un curriculum bluffant, ponctué d’étapes prestigieuses : Ena, Essec, conseiller du ministre des finances, fondateur de start-up, dirigeant dans l’audiovisuel, coprésident du quotidien Libération. Avec en fil conducteur de cet itinéraire international (New York, Paris), l’amour de la culture chez celui qui, aujourd’hui dirige le Centre national de la chanson, des variétés et du jazz.

Qu’y manquait-il ? Un roman, peut-être. Lacune comblée avec l’étonnant ouvrage publié à l’occasion de la grande rétrospective Léonard de Vinci au musée du Louvre à l’automne 2019. Ce boulimique de l’écriture, passion à laquelle il s’adonne en continu depuis plus d’une trentaine d’années, publie un premier roman qui sort des sentiers battus. Une aventure fantastique, policière et amoureuse au cœur du Louvre, le plus grand musée du monde. Autour du tableau « La Belle ferronnière » de Léonard de Vinci, se tisse la trame, avec en toile de fond la mort, l’amour et une scène de crime inattendue.

« Pour Léonard de Vinci, tout était intimement lié »
Quel incroyable secret, le patron du Louvre a-t-il découvert dans les tableaux de Léonard de Vinci en menant des expériences dans les laboratoires souterrains ? Les 380 pages des « âmes peintes » prennent plaisir à conduire le lecteur sur les voies d’une originale enquête policière. « Je place beaucoup de moi dans ce roman, sur les thèmes de la sensibilité et de l’émotion, qui me passionnent » explique Philippe Nicolas. « Il est toujours captivant d’observer dans un musée les réactions individuelles des visiteurs face aux œuvres. Elles sont à chaque fois imprévisibles ». Ce Lorrain par ailleurs décoré de l’Ordre des arts et des Lettres et des insignes de chevalier de la Légion d’Honneur, avoue « aimer rester pétrifié devant une toile ». Que se joue-t-il de la « contemplation désintéressée ou quelque chose de plus vital, mystérieux, exclusif ? Les relations entre les êtres sont au cœur de notre Humanité. Notre sensibilité s’exprime au moment où corps, cœur, esprit réagissent spontanément. Pour Léonard de Vinci, tout était intimement lié. Avec la peinture, au cœur, qui synthétisait l’ensemble des activités »

Antoine PETRY