Salon de la BD : « La dédicace, faut vraiment aimer dessiner ! »

 

Est Républicain, 2 Mai 2022

FESTIVAL DE LA BD A LA MALGRANGE, Cinquième édition


Noah, 16 ans, lecteur, devant le stand de Pascal Bresson

« C’est impressionnant, la vitesse d’exécution d’une dédicace », s’émerveille le lycéen tôt levé pour courir le salon « Bulles d’HistoireS ». « Ils en font pourtant des dizaines dans la journée, mais c’est toujours avec la même ferveur. Surtout, c’est l’occasion d’échanger un peu avec l’auteur, qui nous raconte pourquoi il a choisi tel ou tel sujet, et comment il l’a traité. »

Pascal Bresson, auteur de « Simone Veil, l’Immortelle »

Pascal est petit-fils d’un soldat libérateur de la 2e  DB et d’une résistante. « C’est pour ça que depuis 20 ans, avec mes albums, je veux contribuer à entretenir la mémoire collective. » Et le souvenir d’hommes ou femmes « de grande valeur » comme Simone Veil.

« Rencontrer des lecteurs, et des jeunes en particulier, c’est la suite logique. En ces temps de guerre en Ukraine et de montée des extrêmes, expliquer, transmettre, c’est ma façon d’apporter ma petite pierre à l’édifice démocratique. » Ce qu’il fait, en belles aquarelles. « Pour remercier la fidélité de ces lecteurs qui viennent jusqu’à nous, comme mes propres maîtres me l’ont eux-mêmes enseigné. »

Pierre-Emmanuel Paulis, dessinateur sur la série « Les Reportages de Lefranc »

« Répétitif, la pratique de la dédicace ? En soi, oui, mais j’essaie de varier les plaisirs. Là, par exemple, je m’éclate sur les décors. » D’autant plus qu’il en a été trop longtemps privé. « Depuis l’avant-Covid, ça doit être mon 2e  ou 3e  salon seulement. Or, pour les gens de métier qui passent toute leur vie devant une table à dessins, se revoir enfin, ça fait tellement de bien ! »

« C’est très flatteur pour notre ego ! »

Philippe, père de famille à Laneuveville, collectionneur

« Nous, on pratique en famille, chacun ses auteurs ! » Lui repart avec une superbe « cow girl » dessinée par Thierry Girod, alors que sa fille patiente devant le stand de Kox, auteur de l’Agent 212. « Mais ce n’est pas seulement pour l’objet. La rencontre aussi, c’est vraiment important ! » Au point même que lorsqu’Olivier Vatine lui avait avoué avoir signé un western sans véritable passion, Philippe, qui avait adoré l’histoire, en a été si déçu qu’il s’est promis « de ne plus jamais l’approcher ».

Greg Tessier, scénariste de la série « Mistinguette »

« C’est vrai, mes dédicaces ne sont pas dessinées, puisque mon boulot à moi, c’est d’écrire l’histoire. » Et pourtant, la file devant son stand ne désemplit pas.

« Parce que j’essaie de mettre un peu de couleurs, d’autocollants et des paillettes, à l’image de la série. En plus, j’adore bavarder, ce qu’un dessinateur très concentré sur son dessin ne peut pas toujours s’octroyer. »

Ernst, dessinateur de la série « Boule à zéro »

« Rencontrer le public sur un salon, c’est toujours très flatteur pour notre ego, puisqu’on n’est confronté qu’à des gens qui nous aiment », sourit le dessinateur d’une des séries BD les plus tendres et délicates du marché. « Mais sauf à être auto-éditeur de ses albums, l’intérêt financier d’une présence en festival est nul. Il est rarissime qu’on soit payé par nos éditeurs pour ces journées de travail. Faut vraiment aimer dessiner ! »