Après le huis clos horizontal de la galerie du Louvre des « Ames peintes », le Nancéien Philippe Nicolas ancien élève de Saint Sigisbert immerge son dernier roman dans les sons et les couleurs du kaléidoscope de New York. Il y explore l’impact des nouvelles technologies sur notre perception du monde
Les mystères de l’art et de ses émotions avaient tissé la trame invisible de son précédent ouvrage « Les âmes peintes ». Tout en restant fidèle à cette écriture nourrie par les images qui scelle son style, le Nancéien Philippe Nicolas s’aventure cette fois sur la thématique en corollaire, en jouant sur les illusions d’optique et la frontière entre réalité et fiction.
À 53 ans, celui qui affiche un parcours défini par un indéniable éclectisme et une manifeste curiosité d’apprendre – il fut, entre autres, coprésident du journal « Libération », directeur du centre national de la chanson, conseiller de plusieurs ministres et fondateur de start-ups – plonge son imagination dans le magma d’un univers de sons et de lumières, qui font de New York une cité magnétique. Les 450 pages des « Fleurs jumelles » (Editions Cohen et Cohen) immergent ainsi le lecteur dans un univers flamboyant, où se reflètent dans les vitres des buildings les traces du vécu américain de l’auteur, autrefois passé par ENA (Ecole Nationale d’Administration) et Essec (école de commerce) en ses jeunes années avant de sillonner le monde.
Au fil de cette énigme, le verbe se fait chair, les pistes se multiplient et se dérobent autour de Paul Askins. L’inspecteur tente d’élucider les mystères de chutes mortelles simultanées du haut de buildings, de deux grands patrons. Au rythme d’une bande-son éclectique qui emprunte à U2, Gainsbourg ou aux mélodies du jazz, Philippe Nicolas bouscule les perspectives, rapproche fiction et réel. Cependant que New York fait écho au gigantisme américain, pour un lecteur plongé dans les univers mêlés de la grande finance, des startups et de l’innovation, avant un dénouement aussi inattendu que poétique. Oublié le huis clos horizontal du Louvre et de sa grande galerie décrit dans les « Ames peintes », le récit nous emmène cette fois en plein air, où les buildings ont des chutes sublimes et énigmatiques. « Écrit-on pour savoir qui l’on est ? Je ne suis pas loin de penser qu’on le fait pour ne pas savoir, au contraire » s’interroge l’auteur, dont le CV retient qu’il reçut en d’autres temps les insignes de l’Ordre des arts et des Lettres et de la Légion d’honneur. Sans qu’on lise, pour autant, une fierté ostentatoire chez le récipiendaire.
Actif et exposé le jour, seul et concentré sur soi, le soir, à la lueur de sa lampe d’architecte : en Lorraine, où réside toujours son père à Pont-Saint-Vincent, Paris où il travaille désormais au Ministère des Finances, ou en Touraine où il a fait le choix de poser ses valises, Philippe Nicolas a donné corps dans son roman à une vertigineuse intrigue graphique aux allures de kaléidoscope. L’auteur sera présent au Livre sur la Place à Nancy. « Les échanges avec les lecteurs et le public nourrissent toujours mon plaisir. Surtout quand j’entends des interprétations et des propos qui attestent que le récit a pu être perçu de manière différente de ma perception. Cette diversité est une vraie richesse ».