La Malgrange, établissement scolaire catholique, situé dans la banlieue sud de Nancy, aux confins des territoires des communes de Jarville-la-Malgrange et de Vandoeuvre-lès-Nancy est l’héritière d’une longue histoire.
L’Institution a été fondée à Nancy, en 1836, sous le nom de Pensionnat Saint Pierre. Tombant sous le coup de l’ancienne législation impériale sur le monopole universitaire, elle doit rapidement quitter la ville. En 1839, le fondateur, le Chanoine MIRGUET, choisit donc de s’installer dans la propriété du Château de La Malgrange. Devenue établissement diocésain en 1846, l’Institution de La Malgrange obtient en 1849 du ministre de l’Instruction Publique, le Comte Falloux, le titre de Collège, ce qui lui permet de fonctionner avec les mêmes prérogatives que les Collèges d’État. Au cours des décennies, l’audience de La Malgrange ne cesse de grandir et c’est par centaines que les élèves se succèdent dans ses murs. Elle accueille presque exclusivement des pensionnaires, et son recrutement s’étend à toute la Lorraine et aux départements voisins (une mention particulière doit être faite pour les très nombreux jeunes Alsaciens-Lorrains qui y ont trouvé, pendant et après « annexion, une éducation prouvant l’attachement de leurs familles à la France).
Pour mieux répondre aux besoins des élèves et de leurs familles, La Malgrange ouvre à Nancy un pensionnat. Placée d’abord sous le vocable de Saint-Léopold, puis sous celui de Saint-Sigisbert, cette « filiale urbaine » est à la fois une école pour les jeunes enfants et un lieu d’accueil pour les étudiants. Au cours des années, cette
institution évoluera et donnera naissance à l’Institution Saint-Sigisbert et au GEC (Groupe des Étudiants Catholiques). Pendant de nombreuses années, le Supérieur de La Malgrange a présidé aux destinées des deux Maisons: La Malgrange et Saint-Sigisbert ,qui comptaient ensemble environ 800 élèves en 1936 au moment du
Centenaire de l’Institution. Outre les guerres qui ont interrompu son fonctionnement (« ambulance » bavaroise en 1870-71 ; hôpital auxiliaire français de 1914 à 1918) La Malgrange a connu des moments difficiles après les lois de séparation des Églises et de l’État de 1905. Mise sous séquestre en 1911, mais autorisée à fonctionner, elle a finalement échappé à « l’attribution » au département de Meurthe-et-Moselle. En effet, le Directeur et le Supérieur – les Abbés JACQUES et PERTUSOT – ont pu racheter la propriété au Conseil Général en août 1920, grâce à l’intervention d’un ancien élève, Député de Nancy devenu Ministre, Louis MARIN, avec le soutien et l’aide financière remarquables des Anciens. Le 21 novembre 1920 une Association conforme à la loi de 1901 est fondée pour » assurer au Collège de La Malgrange l’existence et le développement de l’enseignement libre ». Cette Association, toujours existante, est propriétaire de l’ensemble du Foncier malgrangien.
En 1966, un Contrat d’Association est signé avec l’État dans le cadre de la loi de 1959. En cette fin du 20° siècle, les mutations du monde moderne modifient profondément le système scolaire. La Malgrange forte de son passé éducatif plus que trois fois cinquantenaire accompagne ces changements: les effectifs s’accroissent et dépassent les 1300 élèves. L’établissement comporte un collège de 28 classes et un lycée de 15 classes préparant à trois types de baccalauréat: S (scientifique), L (littéraire) et ES (économique et social). D’autres grands changements interviennent : La Malgrange devient mixte en 1979, l’internat pour garçons n’accueille plus qu’une toute petite part des effectifs, l’ensemble du Corps professoral et des Personnels n’est plus constitué que de laïques. En 1992, La Malgrange étend son action pédagogique vers l’enseignement supérieur scientifique en ouvrant des classes préparatoires aux Grandes Ecoles et Ecoles d’Ingénieurs (MPSI,
MP). La rénovation de la Salle des Fêtes (anciennement dénommée « salle du Centenaire » du fait de sa construction en 1936) permet d’envisager un nouvel essor des activités culturelles à La Malgrange. Lors de la cérémonie de réouverture en juin 2006, et conformément au voeu des Anciens, via son Président, le bâtiment
est dénommé « Bâtiment HERTZOG » en mémoire du Chanoine Paul HERTZOG (1920-2003) professeur de Lettres qui dirigea La Malgrange de 1964 à 1974, pilier de la Maison et de l’Amicale.
A côté de son passé scolaire, La Malgrange assume également un autre héritage prestigieux: son nom reste associé à celui des princes de la maison de Lorraine, à celui de grands architectes du 18ème siècle ainsi qu’à celui du roi de Pologne devenu duc de Lorraine: Stanislas. La Malgrange devient un lieu illustre en 1477- En effet, c’est de cette ferme dont l’existence est déjà mentionnée un siècle plus tôt dans un acte de vente de 1360, que le duc de Lorraine, René Il, lance, le 5 janvier 1477. son
attaque victorieuse contre les Bourguignons de Charles le Téméraire qui occupent la ville de Nancy. En 1563, Charles III achète le domaine qui n’est encore qu’une grosse ferme plus ou moins devenue rendez-vous de chasse ou demeure campagnarde. A cette « Vieille Malgrange » s’ajoute bientôt une demeure princière, un véritable manoir : « La Neuve Malgrange ». Plusieurs dessins de Jacques Callot nous montrent ces bâtiments au début du 17ème siècle. Catherine de Bourbon, épouse du fils ainé de Charles III y reçoit son frère Henry IV roi de France en 1603. Le 18ème siècle est l’époque glorieuse de l’histoire de La Malgrange. Vers 1711, le duc Léopold décide de
construire un véritable château à côté des bâtiments existants et il confie à l’architecte Boffrand la réalisation des plans. Un vaste parc est ensuite aménagé à proximité des bâtiments principalement dans les espaces boisés situés vers le chemin de Flavigny et Brichambeau.
Arrivé à La Malgrange en 1737 Stanislas décide d’en faire un lieu de séjour agréable. Il charge l’architecte Héré de construire un nouveau château et fait raser le manoir du 16ème siècle et le château de Boffrand. Le parc est agrandi et embelli. Le château est composé de deux alignements de bâtiments disposés perpendiculairement et
mesurant chacun environ 200m ; le parc s’étend sur une superficie d’une cinquantaine d’hectares (ce qui correspond à la propriété actuelle du Collège-Lycée, à laquelle s’ajoutent les ensembles du Parc des expositions, de l’Institut des jeunes sourds et des lotissements de la Haute Malgrange). Stanislas séjournait fréquemment à La Malgrange où il faisait honneur à ses invités. Parmi ceux-ci, Montesquieu écrivit: « La Malgrange est la maison du monde la plus singulière. On y voit partout le génie du roi qui a un talent unique pour faire des choses charmantes … » Voltaire fut également reçu à La Malgrange; il existe deux lettres de lui datées de La Malgrange en 1748.
A la mort de Stanislas en 1766, le château est détruit, à l’exception d’une aile (l’actuel Bâtiment Stanislas), qui doit servir de résidence de campagnepour les commandants de la provice. Laissée à l’abandon pendant la période révolutionnaire, La Malgrange devenue Bien national est finalement vendue le 7 juillet 1798.
Après plusieurs changement de propriétaire et bien des incertitudes, La Malgrange trouve enfin une nouvelle destinée , quand elle est achetée , le 30 mai 1839, par le Chanoine MIRGUET. La première rentrée scolaire s’y fit le 28 octobre 1839.
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter la liste des Présidents de l’Association depuis 1872 ici !